Mauvaise nouvelle pour tous les accros aux exercices sportifs extrêmes : un exercice vigoureux excessif pourrait « étouffer » le système immunitaire. C'est du moins ce que suggère une étude ayant …
Tout type d’activité physique constitue de l’exercice. Il peut s’agir d’un sport, comme le jogging, la natation, le tennis ou le bowling, d’un programme d’exercice physique ou d’un loisir comme le vélo ou la marche. Citons également les activités physiques de la vie quotidienne, comme le jardinage, le ménage ou faire les magasins à pied. Il est en effet établi que l’exercice physique régulier s’avère bénéfique pour le bien-être physique global, notamment pour la force et le fonctionnement des muscles (les muscles auront besoin de moins d’oxygène pour bouger et produiront moins de dioxyde de carbone) de même que pour améliorer la circulation sanguine et renforcer le cœur. L’exercice physique permet en outre de diminuer le risque de développer des problèmes de santé tels qu’un accident vasculaire cérébral, une maladie cardiaque ou une dépression, et constitue l’une des actions de prévention les plus importantes contre le diabète de type II. Enfin, contrairement au mode de vie sédentaire, il réduit le risque d'infections virales … mais qu’en est-il des séances d'exercice très prolongées et des périodes d'entraînement intensif ?
Il existe peu de preuves fiables qui soutiennent l'affirmation selon laquelle un exercice intense augmente le risque d'infections opportunistes (apparaissent au cours d'une altération des défenses immunitaires de l'hôte) bien que quelques études antérieures aient noté des infections respiratoires des voies supérieures chez les athlètes, par rapport aux groupes témoins, après des activités intenses. Pour tester cette hypothèse, des chercheurs du Pacific Northwest National Laboratory ont analysé plus de 4 700 molécules de fluides post-exercice provenant de 11 pompiers. Ces derniers ont suivi un exercice d'entraînement rigoureux, transportant jusqu'à 18 kilogrammes d'équipement sur un terrain vallonné au cours d'un exercice d'entraînement de 45 minutes sous le soleil de Californie. Des gants, des casques, des lampes de poche, des lunettes et bien plus encore les ont alourdis alors qu'ils sprintaient à travers la campagne en portant des vêtements ignifuges pour montrer qu'ils étaient prêts à servir comme pompiers forestiers. Une fois la formation terminée, ils ont donné des échantillons de leur sang, de leur salive et de leur urine.
L’équipe scientifique a ensuite analysé plus de 4 700 molécules (protéines, lipides et métabolites) provenant de chacun des pompiers, cherchant à comprendre ce qui se passe lorsque le corps subit un exercice physique intense. Mesurer et interpréter les données de milliers de mesures de ce type est une spécialité des scientifiques de cet organisme, qui explorent les questions liées à la science du climat et à la santé humaine en analysant chaque année des millions de mesures sensibles par spectrométrie de masse (une technique d'analyse chimique permettant de détecter et d'identifier des molécules d’intérêt par mesure de leur masse monoisotopique). « Le stress thermique peut mettre la vie en danger. », souligne Kristin Burnum-Johnson, auteure correspondante de l'étude, publiée dans la revue Military Medical Research. « Nous voulions examiner en profondeur ce qui se passe dans le corps et voir si nous sommes capables de détecter le danger lié à l'épuisement dès les premiers stades. Peut-être pouvons-nous réduire le risque d’exercice intense pour les premiers intervenants, à savoir les athlètes et les militaires. »
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Celle-ci ajoute : « il ne fait aucun doute que l'exercice fait des merveilles pour notre santé, qu'il s'agisse d'améliorer notre humeur ou de renforcer notre système immunitaire. Mais comme dans des études précédentes, la nouvelle recherche a détecté des signes possibles de suppression immunitaire chez les pompiers entraînés. » Comme prévu, les chercheurs ont détecté des centaines de changements moléculaires chez les pompiers après leur entraînement. Les données obtenues et analysées avant et après celui-ci ont souligné les efforts du corps pour endommager et réparer les tissus, maintenir l'équilibre hydrique, les efforts pour répondre à la demande accrue d'énergie et d'oxygène, et les tentatives du corps pour réparer et régénérer ses protéines et autres substances importantes. Mais au milieu de ces changements physiques attendus qui aident le corps à maintenir l’augmentation des liquides, de l’énergie et de l’oxygène requis par l’exercice, a été constatée une diminution des molécules impliquées dans l’inflammation. Un phénomène s'accompagnait d'une augmentation de l'opiorphine, un dilatateur des vaisseaux sanguins périphériques.
C’est plus précisément dans la salive que l’équipe scientifique a trouvé des résultats inattendus : un changement dans le microbiome buccal montrant que le corps était de plus en plus à l’affût des envahisseurs bactériens. Les scientifiques ont également constaté une diminution des molécules de signalisation importantes pour l’inflammation et pour lutter contre les infections virales. Une diminution de l’inflammation est logique pour les personnes qui font de l’exercice vigoureusement car moins d’inflammation permet aux gens de respirer de l’air plus rapidement, répondant ainsi à la demande urgente d’oxygène du corps. En outre, le fait d’avoir moins de signaux inflammatoires dans le système respiratoire aide le corps à améliorer la respiration et la circulation sanguine. Mais cette condition rend le corps plus vulnérable aux infections respiratoires virales, et c’est ce qu’ont découvert précédemment d’autres scientifiques chez des athlètes d’élite et/ou les personnes qui pratiquaient de l’exercice très vigoureusement. Autrement dit, ce changement crée un « créneau » favorable à une baisse de la protection, durant lequel virus et bactéries peuvent s'implanter, augmentant ainsi le risque de développer une infection.
Face à ce constat, les chercheurs attestent en guise de conclusion que « certaines études ont montré qu'une personne est jusqu'à deux fois plus susceptible de contracter une infection respiratoire virale dans les jours qui suivent un entraînement particulièrement énergique. Les personnes en très bonne forme physique pourraient être plus sujettes aux infections respiratoires virales immédiatement après un exercice vigoureux et le fait d’avoir moins d’activité inflammatoire pour combattre une infection pourrait être une des causes. » S’ils estiment ces travaux fournissent une explication d’ordre biologique à ce que les cliniciens ont remarqué chez leurs patients qui effectuent des entraînements intenses et espèrent que ces résultats aideront à expliquer pourquoi certaines personnes sont plus vulnérables aux infections respiratoires après une séance d’entraînement, ils précisent toutefois que les pompiers sont exposés à des polluants uniques lors d’incendies, ce qui peut également modifier leurs réactions immunitaires. De plus, cette étude n'a porté que sur des hommes en bonne santé et actifs de sorte que des recherches plus approfondies au sein d'une communauté plus large sont nécessaires pour confirmer cette découverte.
A noter que le Gatorade Sports Science Institute met lui aussi en garde quant au fait qu’il est reconnu que les périodes d'entraînement intensif avec une récupération insuffisante peuvent causer un état temporaire d'immunodépression, qui devrait prendre fin avec quelques jours de repos relatif. Mais fort heureusement, plusieurs stratégies relatives au comportement, à l'alimentation et à l'entraînement peuvent être adoptées pour limiter l'immunodépression induite par l'exercice et réduire le risque d'infection : les grands sportifs peuvent limiter le risque d'infection en évitant d'entrer en contact étroit avec les personnes présentant des symptômes d'infection, en ayant une bonne hygiène au niveau de la bouche et de l'alimentation, et en évitant de partager les effets personnels tels que les serviettes et les bouteilles de boissons. Pour garder une immunité solide, il est tout aussi important de bien se reposer et de bien dormir que d'éviter les carences en protéines et micronutriments (notamment les polyphénols végétaux comme les flavonoïdes, le fer, le zinc et les vitamines A, D, E, B6 et B12). Après accord médical, un apport supplémentaire en vitamine D peut également être souhaitable car une carence de ce type est courante en hiver.
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