MON ENFANT MENT SOUVENT : QU'EST-CE QUE CELA TRADUIT ET QUE FAIRE ? LES CONSEILS D’UNE PSY
Le mensonge chez l’enfant est-il une mauvaise chose ? Qu’il s’agisse d’un petit ou d’un mensonge plus important, les raisons de cette action peuvent être nombreuses.
“Qui a mangé la mousse au chocolat ? - C’est pas moi !” répond assurément votre enfant alors qu’il a encore des traces plein la bouche. Un petit mensonge sans grande importance sur le moment, qu’il ne faut pourtant pas ignorer. En effet, si certains mensonges sont assez communs chez les plus petits, il faut éviter que cela devienne une habitude pour des sujets plus importants. Comment expliquer les mécanismes du mensonge chez l’enfant ? La psychologue et psychopédagogue Céline Cueille nous explique comment réagir.
Mon enfant ment : est-ce que je dois m’inquiéter ?
Aussi surprenant que cela puisse paraître, le fait que votre enfant mente est tout à fait normal… et c'est même plutôt bon signe. "Commencer à mentir, et mentir de mieux en mieux, témoigne chez l'enfant d'un développement cognitif adapté", affirme Céline Cueille, qui précise que la capacité de dire quelque chose que l'on sait faux apparaît vers 2-3 ans. "À cet âge-là, en ne disant pas la vérité, l'enfant cherche à obtenir un certain comportement de la personne qu’il a en face de lui (par exemple, que son parent reste calme et ne le punisse pas) ; il/elle ne cherche pas à manipuler l’information en tant que telle puisqu'il/elle n'a tout simplement pas conscience de détenir une information que l'autre n'a pas. En revanche, vers 4 ou 5 ans, l'enfant commence à réaliser que ce qui se passe dans la tête des autres est différent de ce qui se passe dans sa tête et il ou elle peut alors essayer de manipuler l'information pour influencer ce que l'autre va penser", explique la psychologue.
Elle ajoute qu'il faut garder en tête qu'avant l'âge de 6-7 ans, l'enfant peut avoir du mal à faire la distinction entre la réalité et l'imaginaire : il/elle peut très bien vous raconter sa journée en mélangeant ce qu'il/elle a effectivement vécu et ce qu'il/elle aurait aimé vivre. Ce phénomène porte le nom de fabulation et n'est pas un mensonge puisque l'enfant n'a pas l'intention explicite de tromper l'autre.
Pour quelles raisons mon enfant a-t-il recours au mensonge ?
Pour notre experte, deux raisons principales expliquent les mensonges chez l'enfant : "Mentir peut être un moyen pour l'enfant de manifester un besoin d'attention et/ou de reconnaissance. En s'inventant des bobos, par exemple, il/elle peut chercher le soutien et l'affection de ses parents. En embellissant la réalité ou en inventant une histoire, il/elle peut chercher à se rendre intéressant.e auprès de ses camarades, espérant ainsi se faire de nouveaux amis par exemple. Le mensonge peut avoir également une fonction de protection, à plusieurs niveaux : mentir pour éviter une punition, mentir pour éviter de perdre la confiance de son parent, par peur d'être moins aimé.e, mais aussi, parfois, mentir car la vérité est trop dure à accepter (par exemple parler d'un frère ayant une maladie grave comme s'il était en pleine forme, et ce faisant, tenter de maintenir une "réalité" supportable)."
Parmi les autres raisons qui peuvent expliquer que votre enfant mente, Céline Cueille cite l'imitation de l'adulte (notamment quand l'enfant prend conscience vers 6-7 ans que ces derniers aussi s'arrangent avec la réalité), l'envie d'obtenir ce qu'il/elle veut, par opposition ou pour tester les limites, et finalement, elle mentionne aussi le mensonge pro-social, qui apparaît plutôt vers 6/7 ans et consiste à mentir pour ne pas blesser l'autre (un type de mensonge que l'on retrouve beaucoup à l'âge adulte).
Mensonge chez l’enfant : comment réagir ?
La psychologue est formelle : quand notre enfant ment, il est primordial de ne pas dramatiser mais plutôt de chercher à comprendre les raisons qui l'ont poussé à le faire, en fonction de son âge. "Même si l'on peut être agacé par le mensonge, il est important, autant que possible, de réagir calmement et d'être à l'écoute de son enfant, car il y a très souvent un besoin qui se cache derrière", explique Céline Cueille, qui souligne que la demande d'explications doit se faire en aparté, pour éviter d'humilier l'enfant. Elle ajoute qu'il faut éviter de traiter son enfant de menteur/menteuse, au risque de lui coller une étiquette dont il/elle pourra avoir du mal à se défaire.
Il est également bon de rappeler à l'enfant l'importance de dire la vérité, même si parfois c'est difficile, pour qu'on puisse lui faire confiance : il peut lui être expliqué que ses mensonges ont un impact et, qu'à terme, on ne le/la croira plus, même s'il/elle dit la vérité. Enfin, dans le cas où votre enfant ne dit pas la vérité parce qu'il ou elle a du mal à faire la distinction entre la réalité et ce qui est de l'ordre de l'imaginaire, il est important de l'accompagner avec douceur dans cet apprentissage.
Le mensonge n'a pas la même implication s'il est occasionnel ou récurrent : face à des mensonges répétitifs, la psychologue recommande de ne pas banaliser et de s'interroger sur les sujets qui poussent l'enfant à mentir : "Par exemple, si vous notez que votre enfant ment systématiquement par peur de se faire punir, alors il pourrait être pertinent de questionner le système de punitions en place, et pourquoi pas d'envisager les choses sous un nouvel angle : plutôt que de pointer du doigt les comportements inadéquats, féliciter l'enfant pour ses bons comportements, et notamment celui de dire la vérité".
Dans tous les cas, si les mensonges de votre enfant vous préoccupent, vous pouvez tout à fait envisager un accompagnement avec un.e psychologue afin de l'aider à exprimer ce qui le/la pousse à mentir. Un accompagnement est d'ailleurs recommandé à partir du moment où le mensonge interfère avec la qualité des relations familiales ou sociales, s'il est associé à d'autres difficultés comportementales ou encore dans le cas d'un enfant qui, passé l'âge de 8 ans, n'arrive pas à différencier imaginaire et réalité.
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